vendredi 31 janvier 2020

1793 : Lanjuinais à la Tribune de la Convention

Lanjuinais à la Tribune de la Convention par Charles Louis Lucien Muller 1868-69 - Salon Mazeppa

La scène peinte par Charles Louis Lucien Muller se déroule dans la nuit du 1er au 2 juin 1793, on y voit un homme, Jean Denis Lanjuinais, à la tribune, menacé par une foule hostile, foule armée de pistolets, bâtons et de différents équipements utilisés comme armes.

Replaçons la scène dans son contexte, dans la nuit du 1er au 2 juin 1793, le tocsin, la générale et le canon d'alarme se firent entendre dans Paris. La Convention fut envahie par les hommes du comité insurrectionnel. Au milieu du tumulte, Lanjuinais s'élança à la tribune et eut de violentes altercations avec plusieurs Montagnards (à coups de poing et à coups de pistolets), qu'il accuse d'aspirer à la tyrannie :

« Non, Paris est pur, Paris est bon, Paris est opprimé par des tyrans qui veulent du sang et de la domination. »

Attaqué par de nombreux députés, il ne peut conserver la parole. Dénoncé de nouveau par une députation des autorités municipales, il refusa de se démettre de son mandat, à l'exemple d'Isnard, de Lanthenas, de Fauchet.

« N'attendez de moi, dit-il, ni suspension, ni démission. »

Moins d'un an avant, le 5 septembre 1792, Lanjuinais avait été élu député d'Ille-et-Vilaine à la Convention nationale, il y siège dans le camp des Girondins tout en partageant certaines vues de la Plaine. Élu député, il luttera avec ardeur contre les Montagnards. À la Convention, il ne cessa d'opiner avec la droite mais ce fut surtout à l'occasion du procès de Louis XVI qu'il manifesta ses sentiments contre-révolutionnaires.

Après cette nuit du 1er au 2 juin 1793, son arrestation, et celle des autres chefs de la Gironde, fut décrétée. Le lendemain il adressait une pétition à la Convention pour être immédiatement jugé. Gardé à vue chez lui par un gendarme, il publia un récit de l'insurrection des trois jours, reçut les félicitations de ses amis de Rennes et de Saint-Malo, et finit par s'évader. Traqué, contraint à se cacher, il sera enfin rendu à la liberté quelques mois après le coup d'État du 9 thermidor (26 juillet 1794) avec la chute de Robespierre.

Il poursuit alors sa carrière politique, il parvient à se faire élire président de la Convention en juin 1795. Républicain modéré et libéral, Lanjuinais est aussi l'un des rédacteurs de la Constitution de l'an III qui répond à une partie de ses vues. 

Par la suite il sera « député » au Conseil des Anciens sous le Directoire, sénateur du Premier Empire et membre de la Chambre des pairs sous la Restauration jusqu'à sa mort à 73 ans, le 13 janvier 1827. Son fils Paul Eugène Lanjuinais fut admis par droit héréditaire, le 6 mars 1827, à siéger dans la Chambre des pairs en remplacement de son père.

Source [1]

dimanche 26 janvier 2020

Le palais Bourbon pendant l'Occupation

Propagande allemande sur la façade du palais Bourbon (« L'Allemagne vainc sur tous les fronts »)

En juin 1940, les troupes allemandes investissent le palais déserté (les parlementaires sont alors réfugiés à Bordeaux). Les bâtiments offrant de nombreux bureaux vides et un quadrilatère assez facile à protéger, ils vont y installer une partie de l'administration du Gross Paris dans un Paris sous occupation allemande, une partie de l'état-major de la Luftwaffe et du service à la question juive.

Trois événements marqueront, par ailleurs, l’occupation de la Chambre des députés.

Le premier est la retransmission radiodiffusée d’un discours d’Adolf Hitler devant le Reichstag le 19 juillet 1940. Pour l’occasion, l’hémicycle est pavoisé aux couleurs du IIIème Reich et un buste en bronze d’Adolf Hitler est posé sur la tribune. Cette cérémonie se renouvela le 9 novembre et 10 décembre 1940. En tout, la salle des séances a été utilisée 17 fois par les allemands, essentiellement pour des discours et même pour une séance de cinéma réservée aux officiers supérieurs allemands.
Retransmission radiodiffusée d’un discours d’Adolf Hitler
Le deuxième est le tournage en septembre 1942 du film de propagande  « Les Forces occultes » par Paul Riche. Ce dernier, critique cinématographique au « Pilori », y dénonçait la supposée emprise de la franc-maçonnerie sur la vie parlementaire de l’entre-deux-guerres.
Affiche du film
Le troisième est le procès de 7 jeunes résistants communistes qui s’est tenu dans la Galerie des fêtes, qui relie le palais Bourbon à l’hôtel de Lassay, les 4, 5 et 6 mars 1942. Ce procès est particulièrement notable car il s’agit de l’un des trois seuls procès publics qui s’est tenu, durant l’Occupation, avec celui de la Maison de la Chimie d’avril 1942 et de l’Affiche Rouge de février 1944. Les autres procès ne faisaient en effet l’objet d’aucune publicité, seules certaines exécutions étaient annoncées après coup. A la suite de ce procès, Tony Bloncourt, Roger Hanlet, Pierre Milan, Roger Peltier, Christian Rizo, Acher Semahya et Fernand Zalkinov, seront exécutés le 9 mars 1942 au Mont Valérien.
Plaque posée en hommage aux fusillés du procès du Palais Bourbon

Le 25 août 1944, Philippe de Gaulle, âgé de 23 ans, est chargé de porter l'ordre de reddition à la garnison allemande qui occupait encore le palais Bourbon.

Sources [1,2]