vendredi 8 juin 2018

La Salle des Pas Perdus

Reprenons, pour évoquer cette salle, le commentaire contenu dans le Guide du visiteur du Palais Bourbon (1949) :

Entrons maintenant dans la vaste Salle des Pas Perdus, longue de 20 mètres, large de 11, toute revêtue de stuc jaune imitant le marbre de Sienne. " Ce vestibule est désigné sous le nom de Salon de la Paix (qu'il portait déjà au temps du Conseil des Cinq-Cents), sans doute, prétendait un chroniqueur de l'Illustration (25 décembre 1847), par opposition avec la salle à laquelle il mène, et où règne une dispute continuelle... ". 

Son plafond élevé et ses voussures portent d'assez médiocres peintures d'Horace Vernet ; le motif central figure la Paix. Elle est figurée par une jeune femme assise sur des nuées et tenant des fleurs dans sa main droite levée ; un lion est couché à ses côtés ; des attributs pacifiques l'entourent. Deux sujets encadrent ce tableau principal ; on voit, à gauche, le Génie de la vapeur sur terre : une locomotive à haute cheminée qui va passer sous une voûte ; le peintre, jugeant peu noble de figurer un mécanicien en casquette et tenue de chauffe, a préféré le représenter tout nu. A droite, le Génie de la vapeur sur mer, à l'avant d'un bateau, met en fuite des divinités marines, des poissons et des oiseaux. 

Une grande frise règne tout autour de la salle : des terrasses du Palais Bourbon, ceintes d'un balcon doré, d'un côté les pairs et la magistrature, de l'autre les membres du Corps Diplomatique et de l'Université, regardent défiler le cortège, visible pour eux seuls, de Louis-Philippe venant faire l'ouverture des Chambres. Les détails de toutes ces peintures sont intéressants, mais l'ensemble est d'un goût contestable. Sur des piédestaux de marbre, placés aux extrémités, reposent, depuis 1820, les groupes en bronze Le galate vaincu (ce couple Gaulois qui se donna la mort pour ne pas tomber au pouvoir des Romains) et de Laocoon, fondus par Keller.

Elles provenaient du dépôt de Marly d'où elle avait été apportées au Palais Bourbon vers la fin de l'an III et déposées provisoirement dans la cour du côté de la Seine. Le Laocoon se prête, comme le remarquait un chroniqueur facétieux sous la Monarchie de Juillet, à toutes les interprétations : " pour les uns, les serpents qui enlacent le malheureux père et ses enfants, figure l'opposition tourmentant le pouvoir et le poursuivant de son venin ; pour les autres c'est la Constitution se débattant sous les contraintes du pouvoir... ". 

Au milieu du grand mur, entre deux portes-tambours qui remontent à 1837, est adossé un moulage de la Minerve antique de Velletri. Cette statue a remplacé le buste de Mirabeau, qui donnait jadis son nom à cette salle.

[Extrait du Guide du visiteur du Palais Bourbon (1949)] 




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