samedi 7 juillet 2018

Le Laocoon

Laocoon et ses fils. Fondu par Keller (1687)
Selon Robert Graves, Laocoon était un prêtre chargé du culte d'Apollon Thymbréen à Troie. Il irrita le dieu en se mariant, en cachant son épouse dans l'enceinte du temple à l'insu de ses concitoyens, en ayant des enfants (deux garçons) malgré le vœu de célibat qu'il avait fait et, chose plus grave encore, en s'unissant à sa femme devant la statue du dieu.

Pendant la Guerre de Troie, les Grecs, lassés de ce siège interminable, et sur les conseils d'Ulysse, imaginèrent une ruse. Ils construisent un énorme cheval en bois, dans lequel ils cachent des guerriers, au nombre desquels se trouvent notamment Ulysse, Ménélas et Néoptolème. Puis les Achéens brûlent leur camp, embarquent sur leurs navires et dissimulent leur flotte plus loin, derrière l'île de Ténédos.

En présence du cheval, les Troyens sont d'abord désemparés, les avis divergeant sur le sort qu'on doit lui réserver. Avertis qu'il s'agit d'un présent pour la déesse Athéna, les uns veulent le faire entrer dans la ville, les autres, menés d'abord par Thymétès, prônent la méfiance. Survient alors Laocoon qui exhorte ses compatriotes à se débarrasser du cheval, prononçant la formule célèbre :

« Timeo Danaos et dona ferentes. » (« Je crains les Grecs, même lorsqu'ils font des cadeaux »).

— Virgile, Énéide

Dans une version, Laocoon aurait frappé de sa lance le cheval de bois offert par les Grecs à Athéna. C'est du moins ce que les spectateurs virent, ne connaissant pas la vie secrète de leur prêtre.

Apollon, qui n'avait pas oublié l'injure, envoya deux monstrueux serpents qui sortirent de la mer, s'enroulèrent autour de Laocoon et de ses deux fils et les étouffèrent.

Les Troyens, ignorant la véritable raison de la colère d'Apollon, crurent que les dieux voulaient leur faire comprendre de laisser entrer le cheval : ils firent une brèche dans les murailles de la ville afin de permettre le passage du funeste présent.

La copie du Laocoon qui se trouve Salle des Pas Perdus, ainsi que le groupe en bronze Le galate vaincu, proviennent du dépôt de Marly d'où ils avaient été apportés au Palais Bourbon vers la fin de l'an III et déposés provisoirement dans la cour du côté de la Seine. Le Laocoon se prête, comme le remarquait un chroniqueur facétieux sous la Monarchie de Juillet, à toutes les interprétations : « pour les uns, les serpents qui enlacent le malheureux père et ses enfants, figurent l'opposition tourmentant le pouvoir et le poursuivant de son venin ; pour les autres c'est la Constitution se débattant sous les contraintes du pouvoir... ». 


Laocoon et ses fils. Entre 160 et 20 avant notre ère. Musée Pio-Clementino du Vatican
Venons-en à l'original du Laocoon, ce groupe de marbre blanc de 1m de base et de 2 m de haut, d'un seul bloc, fut découvert en 1506 à Rome sur la colline de l'Esquilin dans la Domus Aurea de Neron. L'oeuvre fut tout de suite identifiée comme étant celle dont parlait avec admiration Pline l'Ancien dans son « Histoire Naturelle » et qui se trouvait dans le palais de l'Empereur Titus. De facture hellénistique, il serait l'oeuvre, au Ier siècle av.J.C de 3 sculpteurs rhodiens.

Sur les conseils de Michel Ange, il fut acheté par le Pape Jules II qui le plaça dans la cour de l'octogone du Vatican, où il se trouve toujours. Mais le bras levé de Laocoon manquait et il lui fut ajouté un bras étendu, d'abord en terre cuite, puis en marbre, et ceci jusqu'à la découverte, en 1905, du bras originel non étendu mais plié derrière la tête. Ce n'est qu'en 1960 qu'on monta ce vestige sur l'original.

1 commentaire:

  1. Bonjour, avez-vous des informations sur le Laocoon en bronze, venant de Marly. qui l'a réalisé, quel en est le commanditaire ? où était-il avant la révolution ? Merci

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