jeudi 20 décembre 2018

Le Codex Borbonicus

La page 13 du Codex Borbonicus représente la 13e trecena (période de 13 jours) du calendrier aztèque, qui était placée sous les auspices de la déesse Tlazolteotl. Celle-ci apparaît en haut à gauche, donnant naissance à Cinteotl. La lecture se fait de bas en haut et de gauche à droite. Les cases sont numérotées de 1 à 13. Le premier jour de la treizaine est 1-Tremblement (1-Ollin), suivi de 2-Silex, 3-Pluie, etc. jusqu'à 13-Eau.


Un cahier formé de pages manuscrites reliées ensemble en forme de livre

Un codex (pluriel : codices) est un cahier formé de pages manuscrites reliées ensemble en forme de livre. Cet ancêtre du livre moderne a été inventé à Rome durant le IIe siècle av. J.-C. et s'est répandu à partir du Ier siècle, pour progressivement remplacer le rouleau de papyrus grâce à son faible encombrement, son coût modéré, sa maniabilité et la possibilité qu'il offre d'accéder directement à n'importe quelle partie du texte.

Il tient son nom du Palais Bourbon

Le Codex Borbonicus est un codex indigène du Mexique central, ouvrage rituel aztèque réalisé dans les années 1510, l'un des plus importants connus. Le document est-il antérieur à l’arrivée des Espagnols ? Ou fut-il créé plus tard, sur commande ou sous l’influence des Européens ? L'énigme demeure. Il est ainsi impossible d'affirmer avec certitude s'il s'agit d'un codex préhispanique ou colonial. Il tient son nom du Palais Bourbon où il est conservé dans les collections de la Bibliothèque de l'Assemblée nationale.

Le Codex Borbonicus est l’un des trésors de la République. Il figure parmi les six écrits en possession de l’Assemblée nationale, interdits de sortie du territoire depuis les années 1960. 

Provenance inconnue

Ce manuscrit nahuatl, dont deux pages sont manquantes, acheté en 1826 par le Palais-Bourbon au cours d’une vente publique, est de provenance inconnue. Il aurait été volé en Espagne, dans la bibliothèque de l’Escurial, soit au moment de l’occupation de l’Espagne par les troupes napoléoniennes en 1808, soit lors de l’expédition française dans ce pays en 1823, sous Louis XVIII.

Bijou de l’art aztèque

Avec ses 14 mètres de long, ses trente-six feuillets au format carré de 39 centimètres de côté pliés en accordéon, il décrit dans les moindres détails les ­calendriers « divinatoire » et « solaire » employés par les Aztèques, avant la conquête de leur empire par Hernan Cortès, en 1519. D’une page à l’autre, on y découvre, à travers des scènes colorées figurant des centaines de personnages et d’animaux, les divinités, les mythes et les fêtes religieuses, souvent sanglantes, de ce peuple ­méso-américain qui occupa le plateau du Mexique de 1325 à 1521.

Les Aztèques utilisaient simultanément deux calendriers : l’un divinatoire de 260 jours et l’autre solaire de 365. Le premier, le Tonalpohualli, ou « compte des jours », comportait 20 « semaines » de 13 jours. Et le ­second, le Xiuhpohualli, ou « compte des années », 18 « mois » de vingt jours auxquels s’ajoutaient cinq jours supplémentaires où « il ne se passait rien ». Une fois tous les 52 ans, une Fête du feu nouveau venait célébrer la ligature de ces deux calendriers.

Le Codex Borbonicus peut ainsi être décomposé en quatre sections : un Tonalpohualli, un cycle de 52 ans, un Xiuhpohualli et un second cycle de 52 ans suivi d’une cérémonie du Feu nouveau.Quand a-t-il été conçu ? Pour les premiers américanistes à l’avoir étudié, il ne faisait aucun doute qu’il était antérieur à la conquête de l’Empire aztèque par les Espagnols. Mais, remarquant qu’aucun des codex reconnus comme précolombiens ne représente un « cycle de 52 ans », un « Xiuhpohualli » et une « cérémonie du Feu nouveau », des spécialistes ont, depuis, affirmé qu’il a été élaboré dans les toutes premières années ayant suivi l’entrée de Cortès à Mexico-Tenochtitlan, le 8 novembre 1519.

[sources 1, 2, 3, 4, 5, 6]