jeudi 20 décembre 2018

Le Codex Borbonicus

La page 13 du Codex Borbonicus représente la 13e trecena (période de 13 jours) du calendrier aztèque, qui était placée sous les auspices de la déesse Tlazolteotl. Celle-ci apparaît en haut à gauche, donnant naissance à Cinteotl. La lecture se fait de bas en haut et de gauche à droite. Les cases sont numérotées de 1 à 13. Le premier jour de la treizaine est 1-Tremblement (1-Ollin), suivi de 2-Silex, 3-Pluie, etc. jusqu'à 13-Eau.


Un cahier formé de pages manuscrites reliées ensemble en forme de livre

Un codex (pluriel : codices) est un cahier formé de pages manuscrites reliées ensemble en forme de livre. Cet ancêtre du livre moderne a été inventé à Rome durant le IIe siècle av. J.-C. et s'est répandu à partir du Ier siècle, pour progressivement remplacer le rouleau de papyrus grâce à son faible encombrement, son coût modéré, sa maniabilité et la possibilité qu'il offre d'accéder directement à n'importe quelle partie du texte.

Il tient son nom du Palais Bourbon

Le Codex Borbonicus est un codex indigène du Mexique central, ouvrage rituel aztèque réalisé dans les années 1510, l'un des plus importants connus. Le document est-il antérieur à l’arrivée des Espagnols ? Ou fut-il créé plus tard, sur commande ou sous l’influence des Européens ? L'énigme demeure. Il est ainsi impossible d'affirmer avec certitude s'il s'agit d'un codex préhispanique ou colonial. Il tient son nom du Palais Bourbon où il est conservé dans les collections de la Bibliothèque de l'Assemblée nationale.

Le Codex Borbonicus est l’un des trésors de la République. Il figure parmi les six écrits en possession de l’Assemblée nationale, interdits de sortie du territoire depuis les années 1960. 

Provenance inconnue

Ce manuscrit nahuatl, dont deux pages sont manquantes, acheté en 1826 par le Palais-Bourbon au cours d’une vente publique, est de provenance inconnue. Il aurait été volé en Espagne, dans la bibliothèque de l’Escurial, soit au moment de l’occupation de l’Espagne par les troupes napoléoniennes en 1808, soit lors de l’expédition française dans ce pays en 1823, sous Louis XVIII.

Bijou de l’art aztèque

Avec ses 14 mètres de long, ses trente-six feuillets au format carré de 39 centimètres de côté pliés en accordéon, il décrit dans les moindres détails les ­calendriers « divinatoire » et « solaire » employés par les Aztèques, avant la conquête de leur empire par Hernan Cortès, en 1519. D’une page à l’autre, on y découvre, à travers des scènes colorées figurant des centaines de personnages et d’animaux, les divinités, les mythes et les fêtes religieuses, souvent sanglantes, de ce peuple ­méso-américain qui occupa le plateau du Mexique de 1325 à 1521.

Les Aztèques utilisaient simultanément deux calendriers : l’un divinatoire de 260 jours et l’autre solaire de 365. Le premier, le Tonalpohualli, ou « compte des jours », comportait 20 « semaines » de 13 jours. Et le ­second, le Xiuhpohualli, ou « compte des années », 18 « mois » de vingt jours auxquels s’ajoutaient cinq jours supplémentaires où « il ne se passait rien ». Une fois tous les 52 ans, une Fête du feu nouveau venait célébrer la ligature de ces deux calendriers.

Le Codex Borbonicus peut ainsi être décomposé en quatre sections : un Tonalpohualli, un cycle de 52 ans, un Xiuhpohualli et un second cycle de 52 ans suivi d’une cérémonie du Feu nouveau.Quand a-t-il été conçu ? Pour les premiers américanistes à l’avoir étudié, il ne faisait aucun doute qu’il était antérieur à la conquête de l’Empire aztèque par les Espagnols. Mais, remarquant qu’aucun des codex reconnus comme précolombiens ne représente un « cycle de 52 ans », un « Xiuhpohualli » et une « cérémonie du Feu nouveau », des spécialistes ont, depuis, affirmé qu’il a été élaboré dans les toutes premières années ayant suivi l’entrée de Cortès à Mexico-Tenochtitlan, le 8 novembre 1519.

[sources 1, 2, 3, 4, 5, 6]



mardi 13 novembre 2018

Les places des députés


À la première séance qui suit les élections législatives, les 577 députés élus ou réélus pénètreront solennellement dans l’Hémicycle. Ils se placeront pour la seule et unique fois par ordre alphabétique intégral, et la séance sera présidée par le doyen d'âge de l’Assemblée nationale. Pour l'anecdote, le 27 juin 2017, Jean-Luc Mélenchon de la France insoumise s'est retrouvé à côté d'Emmanuelle Ménard, épouse du maire de Béziers et soutenue par le Front national, et François Ruffin de la France insoumise à côté de François de Rugy, la République En Marche. Ensuite, tout changera. Le président de l’Assemblée nationale sera élu (et se rendra immédiatement au perchoir), les groupes seront constitués. Et surtout, dès la séance suivante, les députés seront dispatchés selon un nouvel ordre. Avec des places plus prisées que d’autres. Mais tous ne seront pas logés à la même enseigne.

C'est avant tout au président de l'Assemblée et aux représentants des groupes de décider de la répartition des groupes dans l'hémicycle. Une logique bien ancrée dans la tradition républicaine prévaut : la gauche à la gauche du président de l’Assemblée, la droite à la droite, le centre au centre. Le découpage se fait alors par zones dans l'hémicycle. En fonction de l'effectif de chaque groupe, la zone définie contient autant de sièges que le groupe compte de députés. Une fois cette répartition effectuée, le président de chaque groupe prend le relais. Libre à lui de répartir ses élus comme bon lui semble, l'Assemblée n'ayant aucun droit de regard là-dessus. Bien souvent, on constate que les néo-députés se retrouvent relégués au fond et les plus aguerris devant et près des micros. Inversement, les places les plus basses, près des bancs des ministres, sont également les plus demandées.

Il faut 15 députés pour former un groupe parlementaire, de fait, tous les députés ne sont pas membres d'un groupe. Pour ceux-là, il faut s’asseoir là où il reste des places. Au fond, généralement. La cohérence politique est conservée. Les députés plutôt à gauche se placent donc derrière la gauche, et inversement, les députés appartenant à l’extrême-droite sont placés tout en haut à droite.

L'Assemblée comporte 577 sièges attribués depuis 1986 (il y a en réalité 582 places hormis les places pour le gouvernement). Chaque siège est numéroté. Cependant, les numéros vont de 1 à 650, il y a donc des trous. L'hémicycle est divisé en huit secteurs, chaque secteur est séparé du suivant par une travée. Ainsi, les numéros du secteur 1 vont de 1 (en bas à droite) à 73. La numérotation du secteur 2 commence à 75. Le n° 650 se trouvant dans le secteur 8 en haut à l'extrême gauche. Les sièges se trouvant sur les bancs des commissions ainsi que ceux qui se trouvent au même niveau du côté gauche ne sont pas attribués, hormis le n° 494 attribué au Président de l'Assemblée.


[sources 1, 2, 3]

lundi 8 octobre 2018

Les congés payés

Hervé di Rosa - série « l'histoire en peinture de l'Assemblée nationale »

Avant 1936, seuls  des fonctionnaires de l'État, des salariés de certaines entreprises de service public (électricité, gaz, transport...) et quelques métiers très qualifiés bénéficient de congés payés par l'employeur. La plupart des ouvriers, payés à l'heure tous les quinze jours, ne se reposent que le dimanche. Lorsqu'ils ne travaillent pas, ils ne sont pas rémunérés.

En juin 1936, le Front Populaire généralise les congés payés en France. La loi est votée à l'unanimité par les députés le 11 juin 1936 et promulguée le 20 juin 1936. Elle prescrit un minimum de deux semaines de congés par an pour tous les salariés français liés à leur employeur par un contrat de travail.

[source]

lundi 6 août 2018

Olympe de Gouges - Une féministe avant l'heure


Jeanne Spehar et Fabrice Gloux - Olympe de Gouges

« La femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit également avoir celui de monter à la tribune », c’est ce qu’écrivit Olympe de Gouges dans l’article 10 de sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. La guillotine est pourtant le sort qui l’attend, sans jamais être montée à la tribune de l’Assemblée.

Marie Gouze, dite Olympe de Gouges, née à Montauban le 7 mai 1748 et morte guillotinée à Paris le 3 novembre 1793, est une femme de lettres française, devenue femme politique. La belle Olympe de Gouges est l’une des premières féministes de l’histoire, à une époque où cette audace mène à l’échafaud, en passant par le ridicule et tous les quolibets du machisme populaire. Elle défend aussi les droits des autres minorités opprimées, noirs, esclaves. En 2014, elle a raté de peu l’entrée au Panthéon. C'est l’année suivante qu'elle a pris place dans la salle des Quatre-Colonnes de l'Assemblée nationale. Elle est la première femme à entrer dans ce panthéon des grandes figures politiques qui ont construit la France.

Née dans une famille modeste, la jeune Marie Gouze est veuve à 18 ans et choisit de le rester pour conserver sa liberté. « Montée » à Paris, elle se battra toute sa vie pour l'abolition de toute forme de soumission. Elle plaide pour l'instauration du divorce d'un commun accord et d'un impôt patriotique, les droits des ouvriers au chômage ou encore l'abolition de l'esclavage et de la peine de mort. Révolutionnaire dans l'âme, elle embrasse les thèses égalitaristes. En 1791, elle publie la fameuse Déclaration pour les droits des femmes.

Mais son engagement jusqu'au-boutiste lui coûte la vie puisqu'elle est guillotinée en 1793 pour s'être opposée à Robespierre, alors chef des révolutionnaires, et avoir dénoncé le massacre de personnes emprisonnées en septembre 1792.

[voir plus sur Wikipédia...]


samedi 28 juillet 2018

Pourquoi ce velours vert dans l'hémicycle ?


Les travaux qui donnèrent au Palais Bourbon sa forme actuelle commencèrent sous le règne de Charles X, dernier roi de France, en 1827 pour se terminer en 1832, sous le règne de Louis Philippe 1er, roi des Français, dernier roi en France. Si le changement de régime qu’entraînèrent les « Trois glorieuses » en juillet 1830 n’eut guère d’influence sur la conduite et la poursuite des travaux, il n’en fut pas de même pour le système de décor des nouvelles constructions. La salle des séances devait, dès l’origine, être décorée de trois grands tableaux, de trois bas-reliefs, de deux grandes et quatre petites statues sur le mur dossier, de figures allégoriques peintes sur la voussure et la voûte du plafond et sur l’arc doubleau. Ce programme, élaboré sous Charles X, reposait sur un des principes de la monarchie de droit divin. Un dessin, signé de Jules de Joly en 1828, nous indique que le projet s’articulait autour de trois tableaux : celui placé derrière le président rappelait le roi donnant la charte, celui à sa droite représentait le sacre de Charles X et celui à sa gauche illustrait le triomphe du duc d’Angoulême. Ce triptyque traduisait, en outre, la pérennité de l’institution monarchique.

Les « Trois glorieuses » avaient appelé un homme - Louis Philippe 1er - dont le pouvoir devait trouver sa légitimité dans sa parenté avec l’ancienne branche régnante, dans sa participation aux victoires révolutionnaires et dans son acceptation du drapeau tricolore. Le fondement du régime avait changé ; l’inspiration du système de décor devait être modifiée. Même si, à cette époque, la construction n’était pas terminée, il était inconcevable de remodeler l’appareil architectural.

Le sujet en fut défini par le ministre de l'intérieur, Guizot, il convenait de rattacher le nouveau régime à l’histoire de France. Le lendemain de l’investiture du roi, Le Journal des débats proclamait : « 1830 vient de couronner 1789 ». De droit divin, la monarchie devenait constitutionnelle. Louis-Philippe était roi des Français « par la grâce de Dieu et la volonté nationale ». Devant les députés et les pairs réunis, il avait prêté serment « de ne gouverner que par les lois et selon les lois ». Guizot pensait à « notre histoire législative pendant la Révolution française. C’est là que les députés doivent chercher des exemples et la France, qui se presse pour les écouter, des motifs d’attachement aux institutions constitutionnelles. »

Le 25 octobre 1830, Guizot, organise un concours pour l'exécution de trois tableaux destinés à décorer la Salle des séances de la Chambre des Députés. Au centre devait figurer Louis-Philippe prêtant serment à la Charte constitutionnelle le 9 août 1830, et, de chaque côté, La séance de l'Assemblée constituante le 23 juin 1789 au moment où Mirabeau répond au Maître des cérémonies qui prie l'Assemblée de se séparer : « Allez dire à votre maître que nous sommes ici par l'ordre du peuple et nous n'en sortirons que par la puissance des baïonnettes », et Boissy d’Anglas, président de la Convention nationale, saluant la tête du député Féraud que les révoltés du 1er prairial an III [mai 1795] lui présentent en le menaçant. Ces trois tableaux, qui devaient être placés derrière le bureau du président, c'est-à-dire face aux députés, devaient être une leçon pour les représentants du peuple. Faire figurer Louis-Philippe, accomplissant l'acte fondateur du régime de Juillet, entre Mirabeau et Boissy d'Anglas était faire du roi des Français l'héritier de la Révolution. D'autre part, ces deux événements de la Révolution française symbolisaient les pouvoirs et les devoirs des députés. Ils devaient montrer, selon Guizot, la résistance au despotisme [Mirabeau] et la résistance à la sédition [Boissy d'Anglas] qui déterminent les limites et les devoirs d'un député.

Pour le premier tableau, le peintre Coutan l’emporta. Pour le deuxième, l’esquisse présentée par Hesse fut retenue. Enfin, Vinchon fut choisi pour le troisième tableau. La référence à la période révolutionnaire parut sans doute à certains un peu trop oppressante, car, dès 1831, commande fut directement passée à Delaroche d’un tableau représentant le président Molé devant les barricades au moment de la Fronde et à Scheffer d’un autre illustrant l’affranchissement des communes par Louis VI, destinés à être placés sur les côtés en retour.

Eugène Devéria - Le roi prête serment de maintenir la Charte de 1830, le 9 août 1830
Un seul de ces cinq tableaux, Le serment du roi, sera placé… en 1837, terminé par un autre peintre que Coutan, décédé quelques mois plus tôt. Les questeurs avaient pourtant sollicité de façon itérative tous les ministres de l’Intérieur pour presser les artistes. Delaroche, débordé de travail à la Madeleine, avait depuis longtemps renoncé à la commande. Scheffer avait à peine esquissé sa toile. Hesse, malade, n’avait pas encore terminé. Seul, Vinchon avait livré son travail, mais on se demandait si une tête au bout d’une pique avait bien sa place dans l’hémicycle. On avait donc pris la décision de n’accrocher que Le serment du roi et de remplacer les quatre autres tableaux par des tentures en velours de soie verte ornées de broderie d’or. D’ailleurs, dès le mois d’août 1832, en prévision de l’inauguration de la salle, de semblables tapisseries avaient été louées pour 900 francs par an. Elles sont encore en place aujourd’hui !

samedi 7 juillet 2018

Le Laocoon

Laocoon et ses fils. Fondu par Keller (1687)
Selon Robert Graves, Laocoon était un prêtre chargé du culte d'Apollon Thymbréen à Troie. Il irrita le dieu en se mariant, en cachant son épouse dans l'enceinte du temple à l'insu de ses concitoyens, en ayant des enfants (deux garçons) malgré le vœu de célibat qu'il avait fait et, chose plus grave encore, en s'unissant à sa femme devant la statue du dieu.

Pendant la Guerre de Troie, les Grecs, lassés de ce siège interminable, et sur les conseils d'Ulysse, imaginèrent une ruse. Ils construisent un énorme cheval en bois, dans lequel ils cachent des guerriers, au nombre desquels se trouvent notamment Ulysse, Ménélas et Néoptolème. Puis les Achéens brûlent leur camp, embarquent sur leurs navires et dissimulent leur flotte plus loin, derrière l'île de Ténédos.

En présence du cheval, les Troyens sont d'abord désemparés, les avis divergeant sur le sort qu'on doit lui réserver. Avertis qu'il s'agit d'un présent pour la déesse Athéna, les uns veulent le faire entrer dans la ville, les autres, menés d'abord par Thymétès, prônent la méfiance. Survient alors Laocoon qui exhorte ses compatriotes à se débarrasser du cheval, prononçant la formule célèbre :

« Timeo Danaos et dona ferentes. » (« Je crains les Grecs, même lorsqu'ils font des cadeaux »).

— Virgile, Énéide

Dans une version, Laocoon aurait frappé de sa lance le cheval de bois offert par les Grecs à Athéna. C'est du moins ce que les spectateurs virent, ne connaissant pas la vie secrète de leur prêtre.

Apollon, qui n'avait pas oublié l'injure, envoya deux monstrueux serpents qui sortirent de la mer, s'enroulèrent autour de Laocoon et de ses deux fils et les étouffèrent.

Les Troyens, ignorant la véritable raison de la colère d'Apollon, crurent que les dieux voulaient leur faire comprendre de laisser entrer le cheval : ils firent une brèche dans les murailles de la ville afin de permettre le passage du funeste présent.

La copie du Laocoon qui se trouve Salle des Pas Perdus, ainsi que le groupe en bronze Le galate vaincu, proviennent du dépôt de Marly d'où ils avaient été apportés au Palais Bourbon vers la fin de l'an III et déposés provisoirement dans la cour du côté de la Seine. Le Laocoon se prête, comme le remarquait un chroniqueur facétieux sous la Monarchie de Juillet, à toutes les interprétations : « pour les uns, les serpents qui enlacent le malheureux père et ses enfants, figurent l'opposition tourmentant le pouvoir et le poursuivant de son venin ; pour les autres c'est la Constitution se débattant sous les contraintes du pouvoir... ». 


Laocoon et ses fils. Entre 160 et 20 avant notre ère. Musée Pio-Clementino du Vatican
Venons-en à l'original du Laocoon, ce groupe de marbre blanc de 1m de base et de 2 m de haut, d'un seul bloc, fut découvert en 1506 à Rome sur la colline de l'Esquilin dans la Domus Aurea de Neron. L'oeuvre fut tout de suite identifiée comme étant celle dont parlait avec admiration Pline l'Ancien dans son « Histoire Naturelle » et qui se trouvait dans le palais de l'Empereur Titus. De facture hellénistique, il serait l'oeuvre, au Ier siècle av.J.C de 3 sculpteurs rhodiens.

Sur les conseils de Michel Ange, il fut acheté par le Pape Jules II qui le plaça dans la cour de l'octogone du Vatican, où il se trouve toujours. Mais le bras levé de Laocoon manquait et il lui fut ajouté un bras étendu, d'abord en terre cuite, puis en marbre, et ceci jusqu'à la découverte, en 1905, du bras originel non étendu mais plié derrière la tête. Ce n'est qu'en 1960 qu'on monta ce vestige sur l'original.

samedi 16 juin 2018

Les législateurs antiques

Les angles de la Salle des Quatre Colonnes sont ornés de statues de législateurs antiques. À l’origine, en 1798, ces statues se trouvaient dans la - toute première - salle des Séances.


Lycurgue
Lycurgue (IXème siècle av. J.-C.) (en grec ancien Λυκούργος / Lykoúrgos, « celui qui tient les loups à l’écart ») est un législateur mythique de Sparte.

Plutarque, dans ses Vies parallèles, consacre une Vie à Lycurgue, mis en parallèle avec le roi romain Numa Pompilius. Il situe son existence au IXème siècle av. J.-C. ou au tout début du viiie siècle, mais il avertit au tout début de son œuvre que :
« On ne peut absolument rien dire sur le législateur Lycurgue qui ne soit sujet à controverse : son origine, ses voyages, sa mort, l’élaboration enfin de ses lois et de sa constitution ont donné lieu à des récits historiques très divers. »

De fait, les historiens modernes, voire antiques, utilisent son nom pour définir l'ensemble de la législation mise en œuvre à Sparte et qui lui est attribuée, sans s'engager sur l'historicité du personnage ou le fait qu'un seul homme ait été à l'origine de ces mesures. [voir plus sur Wikipédia...]


Solon
Solon (en grec ancien Σόλων), né à Athènes vers 640 av. J.-C. et mort sur l'île de Chypre vers 558 av. J.-C., est un homme d'État, législateur et poète athénien. 

En réponse à un poème jeuniste de Mimnerme, il écrit : « Je deviens vieux en apprenant toujours ». Souvent considéré comme ayant instauré la démocratie à Athènes, il fait partie des Sept Sages de la Grèce. 

Solon a joué un rôle politique important, étant à l'origine d'une série de réformes qui accrurent considérablement le rôle de la classe populaire dans la politique athénienne. [voir plus sur Wikipédia...]


Brutus
Brutus (Lucius Junius Brutus ou Lucius Iunius Brutus), Né vers 550 av. J.-C. et mort en 509 av. J.-C., est le fondateur légendaire de la République romaine et un des deux premiers consuls romains pour l'année 509 av. J.-C. Les membres de la gens Iunia, dont Decimus Junius Brutus Callaicus, puis plus tard Decimus Junius Brutus et Marcus Junius Brutus, le considèrent comme un de leurs ancêtres.

Comme la plus grande partie des hommes et des institutions des premiers siècles de l'histoire romaine, l'existence historique de Brutus n'est pas assurée. Les sources dont on dispose aujourd'hui sont trop lacunaires et s'appuient sur des récits et des traditions plus anciennes qui ont été considérablement réécrits et déformés. [voir plus sur Wikipédia...]


Caton
Caton d'Utique (Marcus Porcius Cato Uticencis), ou Caton le Jeune, né en 95 av. J.-C. et mort en 46 av. J.-C. à Utique (Tunisie actuelle), était un homme politique romain. Il est resté dans l'histoire comme une figure du stoïcisme, célèbre pour son intégrité. [voir plus sur Wikipédia...]

lundi 11 juin 2018

« Salle des Pas Perdus », quelle est l’origine de cette expression ?

Honoré Daumier - Les gens de justice

Selon le Littré, la définition exacte est celle « d’un large vestibule s’ouvrant sur divers bureaux et autres salles d’un bâtiment ouvert au public. »

Le terme de « la salle des pas perdus » s’applique par conséquent à toute salle d’attente vaste, claire, ouverte à tous. Son utilisation s’est toutefois concentrée sur les bâtiments administratifs, et plus particulièrement sur les tribunaux. C’est en effet la salle (le hall, devrais-je dire) qui se trouve à l’entrée des salles d’audience.

On pourrait penser que le nom vienne du fait que, en tournant en rond, on y perd ses pas, d’où le terme de « pas » qui seraient « perdus ».

Pourtant, l’origine de cette expression est beaucoup plus intéressante.

C’est sous le règne de Louis XVIII que l’expression « la salle des pas perdus » prend son origine. À cette époque, le contexte politique français est trouble. Après un premier exil, Napoléon retrouve son nom d’empereur (c’est l’épisode des cent jours). En 1815, après la défaite de Waterloo, arrive la seconde restauration et Louis XVIII reprend le trône.

Le retour de Louis XVIII s’accompagne de l’élection, au mois d’août 1815 d’une Chambre des députés. Le suffrage censitaire pousse la noblesse et la bourgeoisie à élire des députés qu’ils pensent être les défenseurs de la France, de la Restauration et de leurs intérêts. C’est une Chambre ultra royaliste aux fortes convictions anti-révolutionnaires qui est élue.

Ainsi, sur les 400 députés de la Chambre, ce sont 350 ultraroyalistes qui sont élus.  Le roi ne pensait pas pouvoir rêver mieux et la nomme « Chambre introuvable ». Louis XVIII signifie par cette expression que, même en nommant lui-même ses membres, il n’aurait trouvé une chambre aussi royaliste.

Mais cette chambre devient rapidement « plus royaliste que le roi », et s’oppose aux idées progressistes de Louis XVIII et de son gouvernement mené par le Duc de Richelieu. Elle est dissoute par le gouvernement un an après son arrivée aux affaires.

Au cours de la nouvelle élection certains députés ne sont pas réélus, ce sont les « perdus », tandis que les députés réélus sont nommés les « pas-perdus ».

Au Palais Bourbon, lieu où se tient la Chambre, ceux-ci se réunissent dans une salle qui prend naturellement le nom de salle « des pas-perdus ».

C’est ainsi qu’est née cette expression !

[source]

vendredi 8 juin 2018

La Salle des Pas Perdus

Reprenons, pour évoquer cette salle, le commentaire contenu dans le Guide du visiteur du Palais Bourbon (1949) :

Entrons maintenant dans la vaste Salle des Pas Perdus, longue de 20 mètres, large de 11, toute revêtue de stuc jaune imitant le marbre de Sienne. " Ce vestibule est désigné sous le nom de Salon de la Paix (qu'il portait déjà au temps du Conseil des Cinq-Cents), sans doute, prétendait un chroniqueur de l'Illustration (25 décembre 1847), par opposition avec la salle à laquelle il mène, et où règne une dispute continuelle... ". 

Son plafond élevé et ses voussures portent d'assez médiocres peintures d'Horace Vernet ; le motif central figure la Paix. Elle est figurée par une jeune femme assise sur des nuées et tenant des fleurs dans sa main droite levée ; un lion est couché à ses côtés ; des attributs pacifiques l'entourent. Deux sujets encadrent ce tableau principal ; on voit, à gauche, le Génie de la vapeur sur terre : une locomotive à haute cheminée qui va passer sous une voûte ; le peintre, jugeant peu noble de figurer un mécanicien en casquette et tenue de chauffe, a préféré le représenter tout nu. A droite, le Génie de la vapeur sur mer, à l'avant d'un bateau, met en fuite des divinités marines, des poissons et des oiseaux. 

Une grande frise règne tout autour de la salle : des terrasses du Palais Bourbon, ceintes d'un balcon doré, d'un côté les pairs et la magistrature, de l'autre les membres du Corps Diplomatique et de l'Université, regardent défiler le cortège, visible pour eux seuls, de Louis-Philippe venant faire l'ouverture des Chambres. Les détails de toutes ces peintures sont intéressants, mais l'ensemble est d'un goût contestable. Sur des piédestaux de marbre, placés aux extrémités, reposent, depuis 1820, les groupes en bronze Le galate vaincu (ce couple Gaulois qui se donna la mort pour ne pas tomber au pouvoir des Romains) et de Laocoon, fondus par Keller.

Elles provenaient du dépôt de Marly d'où elle avait été apportées au Palais Bourbon vers la fin de l'an III et déposées provisoirement dans la cour du côté de la Seine. Le Laocoon se prête, comme le remarquait un chroniqueur facétieux sous la Monarchie de Juillet, à toutes les interprétations : " pour les uns, les serpents qui enlacent le malheureux père et ses enfants, figure l'opposition tourmentant le pouvoir et le poursuivant de son venin ; pour les autres c'est la Constitution se débattant sous les contraintes du pouvoir... ". 

Au milieu du grand mur, entre deux portes-tambours qui remontent à 1837, est adossé un moulage de la Minerve antique de Velletri. Cette statue a remplacé le buste de Mirabeau, qui donnait jadis son nom à cette salle.

[Extrait du Guide du visiteur du Palais Bourbon (1949)] 




mercredi 6 juin 2018

La haie d'honneur au passage du Président


A chaque ouverture de la séance de l'après-midi, un cérémonial usité depuis Louis-Philippe, se déroule dans la Salle des Pas-Perdus. Venant de l'Hôtel de Lassay, plus précisément du Bureau du Départ, le Président, précédé de deux huissiers et suivi des secrétaires, entouré de deux officiers, sabre au clair, traverse la Galerie des Fêtes, la Rotonde et la Salle des Pas-Perdus, au milieu des troupes formant la haie, tandis que les tambours battent aux champs, pour se rendre directement dans la salle des Séances. Il emprunte alors la porte qui se trouve près de la statue de Pallas Athéna.

Ce cérémonial, hautement symbolique, et dont l’origine remonte à la Révolution, est là pour exprimer la subordination du pouvoir militaire au pouvoir civil.

Le drapeau européen dans l'hémicycle


La présence du drapeau européen dans l’Assemblée nationale ne va pas de soi et ne constitue pas une obligation. Il s’agit d’un choix politique.

Ce sujet revenu sur le devant de la scène date de 2007. Jean-Pierre Jouyet, alors secrétaire d’État aux Affaires européennes, fait installer le drapeau bleu étoilé sur les toits du Quai d’Orsay. Une mesure symbolique à quelques mois de la présidence française du Conseil de l’Union européenne en juillet 2008. Le drapeau n’a plus bougé depuis au Quai.

Bernard Accoyer, président UMP de l’Assemblée nationale, invite son institution à faire de même à côté du drapeau de la France. Mais sa proposition est rejetée par le bureau, notamment par deux députés socialistes et un autre de l’UMP. La présence du drapeau tricolore ne datait pourtant que de janvier 2007, lorsque Jean-Louis Debré l’imposait à quelques mois de la fin de la présidence de Jacques Chirac.

Finalement, c’est durant la présidence Hollande que le drapeau bleu étoilé s’est invité à l’intérieur du Sénat et de l’Assemblée nationale. À l’extérieur de la chambre des députés, il y a aussi un drapeau européen au milieu de quatre drapeaux français. Sa présence sur les photos officielles du président de la République date de Nicolas Sarkozy en 2007.

source

mardi 13 mars 2018

Pourquoi les huissiers portent-ils des chaines ?


Le terme français d'huissier trouve sa racine dans le mot "huis" (porte). Le métier lui-même s'inscrit dans l'histoire puisque c'est en 1789, à la Révolution, que la fonction a été créée pour assurer l'ordre durant les débats enflammés de la toute jeune Assemblée nationale.


A l’origine, les chaines que portent les huissiers sur leur frac noir servaient à maintenir les portes fermées lors des débats en huis-clos.

vendredi 9 mars 2018

Les votes à l'Assemblée nationale

Affichage des résultats sur écran dans l'hémicycle à la suite d'un vote par scrutin public

La Constitution pose le principe du vote personnel des parlementaires (art. 27) et n’autorise qu’une seule délégation de vote. Ce principe n’a pas toujours été respecté, mais il s’impose à nouveau depuis 1993 à l’Assemblée nationale.

Les votes émis par l’Assemblée sont valables quel que soit le nombre des présents si, avant le début de l’épreuve, le Président n’a pas été appelé, sur demande personnelle du président d’un groupe (demande recevable que si la majorité des députés qui constituent ce groupe est effectivement présente dans l’hémicycle.), à vérifier le quorum en constatant la présence, dans l’enceinte du Palais, de la majorité absolue du nombre des députés calculée sur le nombre de sièges effectivement pourvus. Si le quorum n’est pas atteint, le vote est simplement retardé (la séance est suspendue après l’annonce par le Président du report du scrutin qui ne peut avoir lieu moins de quinze minutes après ;  le vote est alors valable, quel que soit le nombre des présents).

Plusieurs modalités sont utilisées :
  • Le vote à main levée, formule la plus courante, souple et rapide, exige la présence des parlementaires, mais ne laisse aucune trace et peut donner lieu à des erreurs. En cas de doute, il est procédé par assis et levé ;
  • Le vote par scrutin public ordinaire a lieu notamment à la demande du Gouvernement, du président de l’assemblée, d’un ou de plusieurs présidents de groupe, ou de la commission saisie au fond. À l’Assemblée, la Conférence des présidents peut décider d’organiser un scrutin public sur un texte lors d’une séance choisie à l’avance pour permettre une large participation des députés (on parle alors de vote solennel). Les parlementaires votent alors au moyen d’un boîtier électronique. Les résultats du vote sont publiés au Journal officiel ;
  • Le scrutin public à la tribune : à l’appel de leur nom, les parlementaires montent à la tribune pour voter personnellement. Il est de droit à l’Assemblée nationale lorsque la Constitution exige une majorité particulière ;
  • Le scrutin secret est utilisé pour élire le président et les membres du Bureau de chaque assemblée, en l’absence d’accord des groupes politiques entre eux sur la répartition des postes à pourvoir.

En cas de délégation :
  • Dans les scrutins publics ordinaires, le vote du député titulaire d’une délégation entraîne la comptabilisation, dans le même sens, du vote de son délégant. En cas de défaillance de l’appareil électronique, chaque délégué dépose un bulletin au nom de son délégant ;
  • Dans les scrutins publics à la tribune ou dans les salles voisines de la salle des séances, le vote par délégation est exercé par le délégué au moyen du bulletin de vote du délégant ;
  • Les délégations du droit de vote ne peuvent avoir effet pour un scrutin secret.
Nota bene : en cas de délégation, la mention « (par délégation) » apparaît, le cas échéant, à la suite du nom du député délégant sur le compte-rendu du scrutin uniquement pour les votes solennels, pour les scrutins publics ordinaires cette mention est absente.

jeudi 8 mars 2018

Origine des notions de droite et de gauche


Le 11 septembre 1789, les députés de l'Assemblée constituante, réunis pour délibérer sur le droit de veto accordé au roi Louis XVI, se répartissent spontanément de part et d'autre du président : à droite, aux places d'honneur, s'installent les « monarchiens » guidés par Jean-Joseph Mounier. Ils sont partisans d'un veto absolu qui permettrait au roi de rejeter définitivement toute loi. À gauche s'installent les opposants, le groupe des « patriotes », mené par  le marquis de Mirabeau. Ces derniers préfèrent un simple veto suspensif (ils auront finalement gain de cause). À l'issue de ce vote, la mise en place d'un veto suspensif l'emporte, à 673 voix contre 325. Le clivage droite-gauche apparaît pour la première fois.

Cette répartition s'enracine lorsqu'à partir d'octobre 1789, les députés délibèrent dans la salle du Manège des Tuileries. Les uns, hostiles à la Révolution ou soucieux de la contenir, s'assoient sur le côté  droit de la salle, par  rapport  au  président  de  l'Assemblée  (ce côté réputé honorable est dit le « côté de la reine »). Les autres plus ou moins favorables à la Révolution, s'assoient à la gauche du président  (le « côté du Palais-Royal »). Ils  se  disent  « patriotes »  et  qualifient  leurs  opposants d'« aristocrates ».

De cette répartition des députés français par affinités datent les clivages entre une droite (réputée conservatrice) et une gauche (réputée révolutionnaire ou réformiste) qui rythment aujourd'hui encore la vie politique dans toutes les démocraties.